Message de Marcel BOITEUX
ASSISTANT DE MAURICE ALLAIS …
J’avais bien des raisons d’accepter ‒ et d’être honoré ‒ de devenir membre du conseil scientifique de la Fondation Maurice Allais. La première dans le temps, et la principale, c’est que je fus son assistant durant les années 1949 à 1952 lorsque, après mon agrégation de mathématiques, je fus orienté vers lui comme patron de thèse. « Science Po » avait déjà dégrossi mes connaissances en économie. Maurice Allais, avec sa « théorie du rendement social », m’apportait l’ordre et la logique dans le petit fatras de connaissances diverses que j’avais accumulées. Je savais enfin comment ordonner mes réflexions autour de la recherche d’un « bien commun », et je pouvais dorénavant développer une approche critique, cohérente, quand je naviguais entre la théorie et la pratique. Pris à la lettre, son enseignement apparaissait à ses détracteurs comme trop théorique, pour ne pas dire irréaliste. Le fait est que le dit enseignement était surtout adapté aux élèves chez qui l’accumulation des connaissances et le surmenage de la préparation aux Grandes Ecoles n’avaient pas étouffé le bon sens. Pour la vie de tous les jours sur notre petite planète, la loi de Newton d’attraction des corps est à la fois fausse et dangereuse si on ne l’accompagne pas de correctifs liés au contexte de la vie sur Terre, avec la résistance de l’air et les mouvements de l’atmosphère notamment. Ainsi en va-t-il aussi pour ceux des disciples d’Allais qui vénèrent à la lettre les enseignements de la théorie sans en comprendre à la fois la portée et les limites.
Maurice Allais donnait à ceux de ses élèves qui avaient conservé bon sens et esprit critique une cohérence de pensée indispensable pour comprendre et agir efficacement. Ceux-là lui doivent beaucoup. Mais comme me disait l’un de ses admirateurs, ce sont les autres qui l’ont emporté, soit parce qu’ils pensaient que les élèves ne sauraient pas faire la part des choses et risquaient de prendre la théorie à la lettre, soit parce qu’eux-mêmes n’y croyaient pas du tout faute d’avoir compris pourquoi l’existence du parachute n’anéantit pas l’intérêt de la loi de Newton.
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