Par Jean-Bernard Deloly
C’est essentiellement dans le domaine de la mécanique qu’une suite a été donnée aux travaux expérimentaux de Maurice Allais (en optique il y en a eu très peu, et avec des moyens très insuffisants).
Un point de la situation en 2015 avait été fourni par la note : « Suite donnée aux travaux expérimentaux de Maurice Allais – Point de la situation (2015)»
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Rappel des deux phénomènes nouveaux découverts par Maurice Allais dans l’analyse de la précession d’un pendule : des régularités d’origine astrale inexplicables par des phénomènes classiques, et des anomalies très marquées à l’occasion de certaines éclipses
Les observations concernées, pour l’essentiel, ont été les 6 observations d’un pendule relancé toutes les 20 minutes pendant 1 mois d’affilée qu’il a menées, de 1954 à 1960, dans son laboratoire de Saint-Germain. L’une d’entre elles, en août 1958, avait en outre mis en œuvre un pendule identique implanté dans une carrière de craie souterraine à Bougival, à 6,5 km de là.
▪ Parmi les régularités découvertes, il y avait, tout particulièrement, une raie « lunaire » de 24 h 50 min inexplicable, du fait de son amplitude, par tous les phénomènes connus, et en particulier par l’attraction gravitationnelle des astres. Elle a été retrouvée dans chacune des observations, et, en août 1958, avait des phases très voisines à Saint-Germain et à Bougival.
Seules des observations de longue durée peuvent mettre en évidence des régularités. Ainsi, pour pouvoir séparer totalement la raie de 24 h (durée entre deux passages successifs du Soleil au méridien), de la raie de 24 h 50 min (durée moyenne entre 2 passages successifs de la Lune au méridien), des observations étalées sur au moins 29,5 jours sont nécessaires. Depuis les observations d’Allais, il n’y en a eu que deux :
– L’observation, par un institut privé allemand (Institut für Gravitationsforschung), du 23/02/2006 au 18/01/2007, de la précession d’un pendule de type Allais automatisé et relancé toutes les heures. Les résultats de ces observations n’ont pas été publiés, mais un rapport a alors été mis en ligne (le site de cet institut ayant été refondu, il en a disparu depuis). Au vu de ce rapport, le dispositif expérimental avait apparemment été soigneusement conçu et exploité. Les conclusions de l’auteur étaient positives (il y aurait une influence à la fois de la Lune, du Soleil, et de Jupiter). Toutefois la méthode de traitement des données utilisée, bien qu’intéressante, ne permettait pas réellement de conclure (il est à peu près certain qu’une action des astres a été mise en évidence, mais on ne peut pas en dire plus avec certitude).
– L’exploitation à Horodnic de Joos, en Roumanie, d’un « pendularium » (en l’occurrence un bâtiment abritant 2 pendules d’environ 6 m de long, qui avait été mis en place grâce à des financements de la Fondation Maurice Allais), a permis, du 28/07/2019 au 02/09/2019, d’observer la précession de 2 pendules relancés toutes les heures. Les résultats de ces observations ont été publiées en 2022 : (« Confirmation of 24 h 50 min Lunar periodicity, apparently inexplicable by classical factors, in precession of Allais pendulum » : cliquez ICI )
▪ C’est lors de l’éclipse totale de soleil du 30 juin 1954, dont il s’est trouvé qu’elle a eu lieu pendant la première des 6 observations d’un mois, qu’ont été pour la première fois observées des anomalies très marquées de la précession d’un pendule. C’est à cet effet d’éclipse, qui a par la suite été observé par d’autres scientifiques, qu’a été attribué le nom « d’effet Allais ».
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En ce qui concerne les régularités inexplicables par des phénomènes classiques, il y a eu, depuis 2015, grâce à l’exploitation des données expérimentales de Maurice Allais, qui avaient été archivées, ainsi que des résultats d’Horodnic, des avancées très significatives.
▪ Ce n’est qu’en 1997, lors de la parution de son ouvrage de synthèse, « l’Anisotropie de l’Espace », que Maurice Allais a publié une analyse d’ensemble de ses observations. Leur étalement sur 6 ans lui a permis de mettre en évidence, dans l’évolution de l’azimut moyen du plan d’oscillation du pendule sur chacune des 6 observations, l’existence d’une influence de la révolution annuelle de la Terre sur son orbite, ainsi qu’une composante pluriannuelle dont la période de l’harmonique 1 était d’environ 6 ans, composante qu’il a interprétée comme étant le résultat de l’influence d’ensemble du système solaire sur la précession du pendule.
▪ La réexploitation de ses données brutes, avec des moyens de calcul dont il ne disposait pas, a permis de retrouver ses résultats, ainsi que de les préciser et de les étendre sur certains points. D’où, en 2023, une seconde publication :
« Inexplicable Multi-Annual Astral Action on the Precession of Allais Pendulum: An Influence of the Solar System (and Especially of Jupiter?) » : cliquez ICI
En voici un résumé :
- a) On rappelle que ces observations avaient mis en œuvre le pendule qui était resté à Saint-Germain et en outre, en 1958, un pendule identique implanté dans une carrière de craie souterraine à Bougival, à 6,5 km de là.
Pour chaque observation de 1 mois ont été calculés l’azimut moyen de la précession du pendule, les amplitudes des composantes périodiques de 24 h, 24 h 50 min, 12 h et 25 h 49 min, ainsi que les rapports de ces amplitudes (dans une analyse harmonique sur 1 mois, durée qui, aux environ de 24 h, ne permet pas de séparer des périodes séparées de moins de 50 minutes, ces composantes sont les composantes les plus remarquables du système solaire ; 24 h et 24 h 50 min correspondent aux harmoniques 1). Il s’agit en outre de périodes signatures d’une action astrale : dans une plage de quelques heures autour de 24 h, il n’existe pas de phénomène connu qui soit un phénomène purement terrestre, c’est-à-dire qui ne résulte que de fréquences propres de la Terre (autrement dit, dans lequel la rotation de la Terre sur elle-même en 1 jour sidéral ne joue aucun rôle).
De 1954 à 1960, ces grandeurs ont beaucoup évolué à Saint-Germain. Il est extrêmement remarquable que, en 1958, elles se soient retrouvées être presque exactement les mêmes à Saint-Germain et à Bougival.
Leurs évolutions ne pouvaient donc résulter que d’une action extérieure au pendule, qui ne pouvait de plus qu’être d’origine astrale, du fait des périodes concernées (il a été vérifié que, si l’on considérait une période au hasard, on ne retrouvait pas ces résultats), et dont une analyse méthodique des facteurs perturbateurs envisageables dans le cadre des théories en vigueur a montré qu’aucun d’entre eux ne pouvait les expliquer. Le fait que le pendule de Bougival ait été implanté dans un site particulièrement protégé a évidemment simplifié cette analyse.
- b) De l’étude de l’hypothèse que ces évolutions résultaient de la composition d’une influence de la révolution annuelle de la Terre et d’une action pluriannuelle est ressorti un autre constat très remarquable, et qui valide pratiquement cette hypothèse : pour à la fois les azimuts moyens et les amplitudes des composantes de 24 h et 24 h 50 min, les harmoniques 1 de cette action pluriannuelle ont des périodes très voisines (5,74 ans en moyenne), sont en phase en ce qui concerne les amplitudes des 2 composantes, et ces amplitudes sont elles-mêmes en opposition de phase avec l’azimut moyen. Il a été vérifié que la probabilité que cela résulte du hasard était très faible.
En outre, en ce qui concerne l’influence de la révolution annuelle de la Terre, la composante annuelle qui en résulte a, à la fois pour l’azimut moyen et l’amplitude des composantes de 24 h et 24 h 50 min, la particularité d’avoir ses extrema aux équinoxes, contrairement aux autres facteurs géophysiques connus, déclinaison magnétique exceptée.
- c) Il ne restait donc plus qu’à rechercher quels astres pouvaient être à l’origine de cette action pluriannuelle.
Sa comparaison avec l’évolution du module de la déclinaison de Jupiter, dont la demi- période de révolution est de 5,93 ans, montre que cette planète est un excellent candidat, d’autant qu’il apparaît par ailleurs une forte corrélation entre les azimuts du pendule et l’angle horaire de Jupiter.
Notons qu’il n’y a actuellement aucun phénomène connu par lequel il puisse résulter de Jupiter une action mécanique sur un point de la Terre. En particulier, la force résultant en un point donnée de la Terre de l’attraction des astres (« force de marée ») se limite en fait aux actions de la Lune et du Soleil, lesquelles sont d’égale importance. Cela résulte de ce que la force de marée résultant de l’astre i, qui est la différence entre l’attraction en ce point et l’attraction au centre de la Terre, est inversement proportionnelle au cube de la distance avec cet astre : elle décroît donc très rapidement avec cette dernière.
Il semble qu’il n’y ait qu’un autre phénomène cosmologique connu dont il puisse résulter une composante périodique d’environ 6 ans : les cycles solaires, dont la période, qui varie fortement, est en moyenne d’environ 12 ans. Le début, en 1954, du cycle solaire n° 19, qui a duré 11 ans, correspond aussi à un extremum de l’action pluriannuelle. Les données disponibles ne permettent pas d’écarter une action de l’harmonique 2 de ce cycle.
Et si ce n’est ni une action de Jupiter, ni une action du cycle solaire, ce ne peut qu’être que quelque chose d’au moins aussi mystérieux.
- d) La moisson de résultats tirée de cette analyse d’ensemble aurait été encore plus abondante si l’on avait disposé d’un pendule exploité en continu sur ces 6 années. Le fait qu’il est très loin d’en avoir été ainsi a considérablement limité ce qu’il a été possible de tirer de leur analyse harmonique.
▪ Les observations d’Horodnic ont permis de confirmer la découverte par Allais d’une onde de 24 h 50 min apparemment inexplicable par des phénomènes classiques. Il a été soigneusement vérifié qu’elle ne pouvait résulter ni de bruit, ni d’influence directe ou indirecte de l’attraction gravitationnelle des astres (le calcul montre que cette influence ne peut qu’être très inférieure à ce qui a été observé), ni d’un facteur géophysique connu (température, pression, hygrométrie , vent, etc…).
Elles ont aussi permis, grâce à l’utilisation d’un alidade automatique qui, à chaque oscillation du pendule, fournissait des informations très précises sur sa précession (l’azimut du plan d’oscillation, bien sûr, mais aussi, notamment, les données essentielles que sont le petit axe et le grand axe de l’ellipse décrite par l’extrémité du pendule), d’acquérir des informations extrêmement précieuses sur la façon dont l’action inconnue agissait sur le pendule.
▪ En ce qui concerne ce dernier point, une synthèse de ce que l’on en sait en a été effectuée dans une troisième publication :
« Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » : cliquez ICI
En particulier :
– Il a été expérimentalement vérifié avec certitude que l’action inconnue agissait en ovalisant la trajectoire du pendule dans le plan horizontal (et de cette ovalisation résulte une précession). Cela implique qu’il s’agisse d’une action directionnelle (seule une action directionnelle peut créer une ovalisation).
– Cette ovalisation peut mathématiquement s’expliquer par le fait que la force qui rappelle le pendule vers sa position d’équilibre varie très légèrement avec l’azimut du plan d’oscillation défini à 180° près. Le cas le plus simple est celui où cette fonction périodique de l’azimut de période 180° se limite à son harmonique 1 ; le modèle de perturbation correspondant a été appelé « anisotropie linéaire ». Une anisotropie linéaire est caractérisée par l’azimut de sa « direction d’anisotropie » (qui est la direction dans laquelle la période est maximum, et donc la force de rappel minimum), et par son « coefficient d’anisotropie » η, qui est l’amplitude de la variation relative de la période, et reste très petit (typiquement 10-8 à 10-5). Le calcul montre que, dans le cas du pendule d’Allais, l’azimut du plan d’oscillation tend à être ramené vers la direction d’anisotropie.
La composition de 2 anisotropies linéaires est toujours une anisotropie linéaire.
– Ce qui a été observé peut effectivement s’expliquer quantitativement, au moins pour l’essentiel, par le fait que l’action inconnue agit sur le pendule par la création, dans le plan horizontal, d’une « anisotropie linéaire ».
▪ Peuvent donc être éliminés directement, sans pratiquement aucun calcul, comme cause des phénomènes observés, toutes les causes perturbatrices qui ne créent pas d’ovalisation. On y trouve la force de Coriolis, ce qui est bien connu, mais aussi l’action d’une force qui reste la même dans l’espace balayé par le pendule, ainsi que la force de Laplace (action d’un champ magnétique sur un pendule électriquement chargé).
▪ Le pendule d’Allais étant amagnétique, des variations de la direction du champ magnétique terrestre ne peuvent expliquer ce qui a été observé. Cela résulte, d’une part, de ce que l’on vient de voir concernant la force de Laplace, et, d’autre part, de ce que leur faible amplitude (moins de 2 degrés) ne peut absolument pas expliquer une action par le biais des courants de Foucault induits dans le pendule, qui est conducteur, par son mouvement d’oscillation (les variations de l’azimut du plan d’oscillation du pendule d’Allais sont de plusieurs dizaines de degrés).
▪ Une conséquence de ce que l’action inconnue agit par le canal d’une « anisotropie linéaire », qui crée une ellipticité, est que, en fait, c’est la dérivée de l’ellipticité e’=de/dt, et non la précession elle-même, qui est la grandeur la plus représentative de l’action sur le pendule de l’action inconnue. A Horodnic, c’est donc cette grandeur qui a été analysée en priorité. C’est effectivement sur cette grandeur que les conclusions des analyses harmoniques ont été les plus nettes.
▪ Le coefficient d’anisotropie η permet de quantifier l’anisotropie exercée sur le pendule. Il a exactement la même signification mathématique que le coefficient d’anisotropie ε introduit par Maurice Allais dans son hypothèse d’une explication des phénomènes observés par une anisotropie de l’espace inertiel, avec ε= 4 η.
On ne peut mesurer directement que l’anisotropie totale, qui est la composition de l’anisotropie intrinsèque du pendule, qui est en principe fixe, et de l’anisotropie d’origine externe.
Le tableau qui suit fournit des estimations de η :

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En ce qui concerne l’effet d’éclipse (et, plus généralement, de syzygie)
Il se peut en effet que des phénomènes analogues à ceux qui ont été observés lors d’éclipses se produisent à l’occasion de syzygies. C’est ce qui semble s’être passé lors de la conjonction Soleil-Jupiter du 8/05/2000 (voir « Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » : cliquez ICI).
A noter en outre que le maximum d’un alignement Terre-Soleil-Jupiter s’est situé environ 6 heures après celui de l’éclipse du 30 juin 1954.
▪ Il y a eu très peu d’observations nouvelles. De ce point de vue, la note « Suite donnée aux travaux expérimentaux de Maurice Allais – Point de la situation(2015) » est donc, pour l’essentiel, toujours d’actualité.
A noter toutefois que la reprise, par le laboratoire hollandais BonPhysics, sur contrat avec la Fondation Maurice Allais, de l’observation de balances de torsion construites sur le modèle de celles d’Alexander Pugach n’a pas permis de retrouver d’influence significative d’éclipses : cf. le rapport « Development and observation of a miniature automated torsion balance (« torsind ») –Report » (cliquez ICI ).
▪ D’importantes avancées ont toutefois résulté de la réanalyse des données recueillies lors des observations menées sous la direction du Pr Mihaïlia, de 1999 à 2005, réanalyse effectuée dans la publication « Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » ( cliquez ICI ).
Il en est ressorti que l’action inconnue à l’origine des importants écarts par rapport à la précession de Foucault qui avaient été alors observés agissait bien sur le pendule par la création d’une « anisotropie linéaire ». Avec toutefois, cette fois-ci, un coefficient d’anisotropie d’une importance tout à fait exceptionnelle. Ainsi, au début de l’éclipse de Soleil du 3 mai 2005, il a été estimé à 5,33 10-4, ce qui est plus d’une centaine de fois supérieur à l’anisotropie extérieure totale en temps ordinaire.
Des estimations rapides (non publiées) indiquent que c’est aussi ce qui s’est passé lors de l’éclipse du 30 juin 1954 (η > 2 10-4 au début de l’éclipse).
Lors de l’éclipse de Soleil du 11 août 1999, qui est la première des éclipses observées par le Pr Mihaïlia, avaient été utilisés 2 pendules lancés perpendiculairement. Leurs déviations ayant été identiques, il en avait été déduit que l’action perturbatrice était à symétrie circulaire, et non directionnelle. A tort, et cela a largement par la suite égaré les investigations. En effet, ainsi que le montre le calcul, compte tenu des valeurs de η pendant l’éclipse, de la longueur des pendules, et de l’amplitude angulaire des oscillations, il résultait alors d’une rotation de 90° de l’azimut de lancement une rotation de 180° du plan d’oscillation. Ce dernier, défini à 180° près, restait donc inchangé.
▪ Dans la publication « Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » ( cliquez ICI ) ont été aussi présentés les résultats de l’observation, à Horonic, de l’éclipse totale de Lune du 28/07/2018. Ces résultats n’avaient jamais été publiés. L’existence d’un effet d’éclipse paraît extrêmement probable, tant le pic survenu lors de l’éclipse se détache de l’évolution générale de la dérivée de l’ellipticité e’. La valeur maximum de η mesurée (1,2.10-5) montre que, dans ce cas, on n’a pas du tout affaire un phénomène d’une ampleur exceptionnelle. Le fait qu’ait pu être identifiée l’influence d’une éclipse de Lune est toutefois à lui seul remarquable.
▪ Un « effet d’éclipse » a à plusieurs reprises été observé par des gravimètres et, plus généralement, par des accéléromètres (voir « Suite donnée aux travaux expérimentaux de Maurice Allais – Point de la situation (2015) » ).
De tels dispositifs mesurent des actions statiques, ou lentement variables. De telles actions n’ovalisent pas la trajectoire d’un pendule. Les phénomènes observés par les gravimètres et les pendules, même s’ils résultent tous deux d’une éclipse, ne sont donc pas de même nature. L’explication de « l’effet d’éclipse » par un écran gravitationnel peut peut-être expliquer ce qui a été observé par des gravimètres. Elle ne peut absolument pas expliquer ce qui a été observé dans la précession de pendules.
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Des liens avec l’optique sont tout à fait possibles, ce qui suggère que tout cela résulte d’un même phénomène sous-jacent.
L’expérience cruciale d’août 1958, qui avait mis en œuvre à la fois le pendule de Saint-Germain et un pendule identique installé dans la carrière de Bougival, avait en outre comporté, à Saint-Germain, des visées sur mires. Pour la composante de 24 h 50 min une concordance de phase entre les azimuts des pendules et les déviations des visées sur mires avait été constatée. Maurice Allais n’ayant pu alors le faire publier dans les Comptes Rendus de l’Académie des Sciences, ce fait expérimental essentiel, qui n’a été publié que dans « l’Anisotropie de l’Espace », avait été presque totalement oublié. D’où la reprise, dans « Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » ( cliquez ICI ) , d’extraits du chapitre concerné de cet ouvrage.
Cet article contient aussi une présentation rapide des observations interférométriques de Miller au Mont Wilson (1925-1926), ainsi que des observations optiques d’Esclangon à l’observatoire de Strasbourg (1927-1928). Ces deux observations avaient toutes deux mis en évidence l’existence d’une importante composante diurne sidérale (23 h 56 min : durée de la rotation de la Terre par rapport à l’Univers), qui n’avait pu être distinguée d’une composante diurne solaire (24 h), que parce que ces observations avaient été étalées sur presque 1 an.
La réanalyse de ces deux observations a permis à Maurice Allais d’y découvrir de nouvelles régularités dont, en particulier, une composante annuelle dont les extrema sont aux équinoxes et non pas aux solstices, particularité que l’on ne retrouve, parmi les facteurs géophysiques, que pour la déclinaison magnétique.
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Un nouveau champ de forces est-il à l’origine des phénomènes découverts par Allais ? Ou, comme il le propose, est-ce, du fait de l’action des astres, une anisotropie locale du milieu dans lequel oscille le pendule ?
Cette anisotropie se présenterait alors mathématiquement comme une anisotropie de l’espace d’inertie.
Comme indiqué dans « Astral Actions on Allais’ Pendulum Apparently Inexplicable by Classical Factors: A Point of the Situation » ( cliquez ICI ), dans le premier cas, le coefficient d’anisotropie est proportionnel à la longueur du pendule. Dans le second, il en est indépendant.
On ne peut aujourd’hui conclure. Le pendule d’Allais était certes 7,7 fois plus court que ceux d’Horodnic et les valeurs moyennes du coefficient d’anisotropie associé à la composante de 24 h 50 min très proches, mais la dispersion de ses valeurs de 1954 à 1960 est du même ordre de grandeur.
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Et la suite ?
▪ Certes, on ignore encore à peu près tout de l’action inconnue qui agit sur la précession d’un pendule (et, peut-être, aussi, sur certains phénomènes optiques). Mais, comme on l’a vu, on n’est pas pour autant totalement dans l’inconnu : on dispose d’ores et déjà d’indications précises.
▪ Pour progresser, de nouvelles observations sont à coup sûr indispensables, tant en mécanique qu’en optique.
- a) Il est impératif qu’elles mettent en œuvre au moins un dispositif qui puisse être observé sur un nombre important d’années en continu (en fait, il ne doit pas y avoir de limitation structurelle à cette durée). On devra donc disposer d’une organisation suffisamment stable dans la durée
Evidemment, il est d’un très grand intérêt de disposer aussi d’autres exemplaires de ce dispositif, qui doit être si possible transportable.
- b) En ce qui concerne la mécanique, le pendule, qui devra être totalement automatisé, est incontournable. Il est en outre impératif qu’il soit suffisamment fréquemment arrêté puis relancé.
– Les phénomènes concernés ont été observés à la fois sur des pendules courts rigides (environ 1 m ; la longueur équivalente du pendule d’Allais était 87 cm), où le pendule repose sur son support (un plateau horizontal), par l’intermédiaire d’un étrier et d’une bille roulant sur ce plateau (elle décrit alors une ellipse : d’où le nom de pendule « paraconique » que lui a donné Maurice Allais), et sur des pendules longs, où le pendule est suspendu à un fil fixé à son extrémité supérieure (plusieurs types de suspension sont possibles).
– S’agissant d’observations qui devront être automatisées, ce sont des pendules courts rigides, a priori montés sur tripodes (mais d’autres solutions sont concevables), qui devraient être utilisés (automatisation et maintenance plus aisées ; encombrement bien moindre ; transportabilité).
- c) En ce qui concerne l’optique, 3 types de dispositifs, qui ont fait apparaître des anomalies certaines, sont a priori tout particulièrement intéressants.
1– L’interféromètre de type Michelson et Morley
Réalisé avec des fibres optiques, ce qui permet un faible coût et un encombrement limité, c’est a priori le dispositif idéal. Toutefois les résultats ont été à ce jour peu exploitables, la fibre optique n’étant pas un produit suffisamment stable.
A noter que, depuis les observations de Miller, en définitive une seule leur est comparable : celle menée de janvier 2003 à février 2005 par Hector Munera, au moyen d’un interféromètre de Michelson et Morley fixe (« Observation of a significant influence of earth’s motion on the velocity of photons in our terrestrial laboratory » ; Héctor A. Múnera, Daniel Hernández-Deckersa, Germán Arenasa, Edgar Alfonsoa Proceedings of SPIE ; The International Society for Optical Engineering August 2007 : cliquez ICI).
Elle a retrouvé la périodicité diurne sidérale de Miller, avec une ascension droite très voisine.
2- Les visées optiques directes (visées sur mires ou collimateurs de Maurice Allais)
Leur principe et leur réalisation sont d’une extrême simplicité.
Toutefois ce dispositif a les handicaps suivants :
– Il est sensible au 1er ordre à ses déformations, et donc, notamment à la température. D’où des contraintes particulières d’implantation.
– Comme tout solide, il se déforme sur le long terme du seul fait de contraintes internes, ces déformations pouvant être largement supérieures aux déviations mesurées (de l’ordre de 10-6 rad). C’est évidemment de nature à limiter son emploi pour des observations de longue durée.
Rien de tout cela n’est a priori insoluble : on peut effectuer des réétalonnages, etc…Il reste qu’il y a toute une organisation à mettre en place, et que, en fait, son emploi effectif n’est pas si simple que cela.
3- Les visées optiques sur rayon réfléchi (visées d’Esclangon à Strasbourg)
Le dispositif utilisé était une lunette auto-collimatrice monté sur une platine tournante, ce qui permettait de l’orienter dans l’azimut désiré. On mesurait, au foyer de la lunette, par auto-collimation, la déviation horizontale d’un rayon réfléchi sur un miroir placé la sortie de la lunette. La grandeur suivie par Esclangon était la différence c-c’, c étant la déviation lorsque la lunette est orientée N-O, et c’ la déviation lorsqu’elle est orientée N-E. La mesure de c-c’ affectée à une date t résultait de la moyenne de séries de mesures de c et c’ entrelacées et très rapprochées, ce qui garantissait une insensibilité presque totale aux déformations du dispositif.
Il se trouve que, aujourd’hui, il existe d’excellentes lunettes auto-collimatrices entièrement automatisées qui prennent à leur compte tout ce qui, dans le dispositif d’Esclangon, exigeait une grande précision optique, ou un soin tout particulier (car les mesures de déviation par auto-collimation étaient manuelles). En ce qui concerne la platine, dont les rotations sont évidemment commandées par ordinateur, il n’y a aucune exigence particulière de précision en ce qui concerne son orientation par rapport au repère local.
La répétition de ces observations est donc particulièrement simple, d’autant que le dispositif est très peu encombrant, et très peu sensible aux variations de température. Le coût est toutefois important, du fait du prix très élevé de l’autocollimateur.
Cette répétition est actuellement une priorité pour la Fondation Maurice Allais.