En alternance avec le Prix Maurice Allais de Science Economique, la Fondation Maurice Allais sous égide de la Fondation Mines Paris a décidé d’organiser tous les deux ans des rencontres entre personnalités académiques et responsables économiques de haut niveau, en charge de politiques publiques comme d’entreprises privées ou publiques, pour mieux éclairer les uns et les autres sur la marche et l’avenir de notre monde économique et social.
Ces Ateliers Maurice Allais se situent dans la continuité de la démarche scientifique du Professeur Allais, qui avait toujours cherché à favoriser le dialogue entre praticiens et théoriciens de l’économie, notamment au sein du Groupe de Recherches Economiques et Sociales, le G.R.E.C.S, qu’il présida de 1945 à 1969 (cliquez ici pour en savoir plus).
Ils seront consacrés à des thèmes d’une grande portée pour nos économies du XXIème siècle, qui pour beaucoup d’entre eux ont déjà été abordés par les travaux de Maurice Allais. Les Ateliers Maurice Allais contribueront ainsi à mieux faire connaître l’œuvre du Prix Nobel d’Economie 1988 et à s’en inspirer pour nourrir la réflexion sur les débats économiques contemporains.
Atelier Maurice Allais
du 17 juin 2016 à MINES ParisTech
« Politiques monétaires non conventionnelles et système financier –
Débat actuel et pensée de Maurice Allais »,
sous la présidence de Jean-Claude Trichet, président d’honneur du conseil scientifique de la fondation
Les manuels élémentaires d’économie nous parlent d’un monde dans lequel la maîtrise des taux d’intérêt et du mouvement général des prix (inflation) par les banques centrales et un système de taux de change adéquat permettent une croissance équilibrée. Le monde dans lequel on se trouve aujourd’hui est tout autre : des économies hétérogènes, plus interdépendantes qu’elles ne l’ont jamais été, avec des pays économiquement matures dont la croissance reste faible. Les progrès techniques actuels pénalisent une classe moyenne dont la situation se trouve bouleversée alors que l’Etat-Providence est paralysé par les difficultés budgétaires que l’on connaît. Dans un tel monde, le rôle des banques centrales devient crucial «par défaut», alors même que les politiques qu’elles mettent traditionnellement en œuvre n’ont plus, avec des taux d’intérêt proches de zéro, de réelle efficacité (Problème du « Zero Lower Bound » ou ZLB). Ces vénérables institutions sont donc amenées à innover et à pratiquer des politiques que l’on dit « non conventionnelles ».
Mais ces dernières sont-elles justifiées, sont-elles efficaces vis-à-vis d’une croissance languissante ? Ces remèdes ne pourraient-ils pas se révéler même pires que le mal qu’ils tentent de traiter ? Pour éviter qu’une nouvelle crise ne se produise, ne faudrait-il pas, au-delà des politiques monétaires proprement dites, imaginer une modification des institutions financières telles qu’elles se sont développées depuis la fin du XVIIIème siècle ? Quelles règles se donner pour innover en matière d’organisation bancaire et monétaire ? Telles sont les questions qui ont été traitées lors de l’Atelier Maurice Allais 2016.
Maurice Allais avait longuement réfléchi à l’organisation monétaire et bancaire au cours de sa longue carrière, ainsi qu’au taux de change souhaitable et à la politique monétaire en général, même s’il n’a que peu connu la situation inédite de l’économie mondiale actuelle. Comme l’a expliqué le Pr. Bertrand Munier dans une intervention liminaire, certains des outils d’analyse qu’il avait produits pourraient en outre servir, une fois convenablement adaptés, de repères aux politiques non conventionnelles des banques centrales d’aujourd’hui.
Les éminents spécialistes -banquiers centraux, économistes de banque, ou académiques de haut niveau- qui sont intervenus au cours de cet Atelier du 17 juin 2016 ont traité de l’impact contrasté des politiques non conventionnelles, de leurs mérites et de leurs effets pervers (Arnaud Marès), voire contra-réalisateurs comme l’exportation possible d’un type de déflation (Pr. Nouriel Roubini) et de la question du système de taux de change (Patrick Artus). Jean-Claude Trichet, ancien Gouverneur de la Banque de France et de la Banque Centrale Européenne, et Lord Mervyn King, ancien Gouverneur de la Banque d’Angleterre, ont confronté leurs opinions à partir des questions de deux journalistes économiques (François Lenglet et David Marsh) et des interrogations des participants à l’Atelier. Enfin, le Pr. Jean Tirole, Professeur à Toulouse School of Economics et Prix Nobel d’économie 2014, a présenté sa vision des règles à mettre en œuvre pour que le système financier fonctionne de façon satisfaisante et évite autant que possible de susciter une prochaine crise.
Les débats ont été modérés par des praticiens orfèvres de ces sujets (Xavier Botteri et Eric Barthalon), membres de la Fondation Maurice Allais.
L’Atelier a été ouvert par Christine Allais tandis que Jean-Claude Trichet, qui a assuré la présidence de cet Atelier 2016, a conclu les débats.