Appel à candidatures Prix Maurice Allais de Science Économique 2025

Call for submissions The 2025 Maurice Allais Prize in Economic Science

Atelier Maurice Allais 2024

MAAteliersEn alternance avec le Prix Maurice Allais de Science Economique, la Fondation Maurice Allais sous égide de la Fondation Mines Paris a décidé d’organiser tous les deux ans des rencontres entre personnalités académiques et responsables économiques de haut niveau, en charge de politiques publiques comme d’entreprises privées ou publiques, pour mieux éclairer les uns et les autres sur la marche et l’avenir de notre monde économique et social.

Ces Ateliers Maurice Allais se situent dans la continuité de la démarche scientifique du Professeur Allais, qui avait toujours cherché à favoriser le dialogue entre praticiens et théoriciens de l’économie, notamment au sein du Groupe de Recherches Economiques et Sociales, le G.R.E.C.S, qu’il présida de 1945 à 1969 (cliquez ici pour en savoir plus).

Ils seront consacrés à des thèmes d’une grande portée pour nos économies du XXIème siècle, qui pour beaucoup d’entre eux ont déjà été abordés par les travaux de Maurice Allais. Les Ateliers Maurice Allais contribueront ainsi à mieux faire connaître l’œuvre du Prix Nobel d’Economie 1988 et à s’en inspirer pour nourrir la réflexion sur les débats économiques contemporains.

Atelier Maurice Allais 2024
Vendredi 7 juin 2024 – Ecole Mines Paris

 

Programme

 Les voies d’une croissance verte

Christine ALLAIS

Fondatrice, Présidente du Comité de fondation

Accueil

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Présidence de séance : Bertrand MUNIER

Professeur émérite des Universités, Ancien directeur économie de l’ENS Paris Saclay, Président du Conseil scientifique de la Fondation Maurice Allais

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Bruno BENSASSON

Ancien Directeur Exécutif EDF en charge du Pôle Energies renouvelables, Président d’EDF Renouvelables

Croissance et Climat

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Peut-on concilier économie et écologie ?

  • Les termes du débat

La question de la croissance verte est abordée en tenant compte des limites du PIB comme indicateur. Bien qu’utile pour évaluer le niveau de vie et le pouvoir d’achat, le PIB omet des éléments essentiels tels que le travail domestique, les loisirs, les destructions diverses, et les inégalités. L’ère industrielle, initiée autour de 1800 avec l’exploitation massive du charbon, marque une croissance économique et démographique sans précédent, mais également la sixième crise de biodiversité en 500 millions d’années et un réchauffement climatique dû à la hausse historique des concentrations de CO2.

  • Croître en préservant la nature

Trois thèses s’affrontent quant à la possibilité d’une croissance verte. Jean-Louis Borloo et d’autres voient la lutte contre le dérèglement climatique comme une opportunité pour stimuler l’investissement et le PIB. Nicholas Stern considère plus prudemment que cette lutte pourrait réduire la croissance à court terme mais que l’inaction serait encore plus coûteuse à long terme. Bien moins optimiste, Jean-Marc Jancovici n’imagine pas qu’on puisse éviter une forte décroissance. La lutte contre le dérèglement est ainsi un enjeu politique et moral entre générations, nécessitant une coopération internationale et une répartition équitable des coûts prévisibles au sein des sociétés.

  • Les voies concrètes d’une croissance verte

Des solutions telles que les énergies renouvelables ou nucléaire, les transports en commun, les bâtiments à faible consommation existent déjà à un coût raisonnable. D’autres, comme l’hydrogène décarboné, doivent encore réduire leurs coûts, par l’innovation. Une combinaison de planification et de mécanismes de marché, tels que les taxes carbone et les quotas échangeables, est nécessaire pour guider ces actions. La finance responsable pourra aussi aider pourvu d’offrir des taux d’intérêt plus différenciés entre investissements durables et peu durables. La lutte contre le dérèglement climatique et la neutralité carbone sont dans l’intérêt des générations futures mais nécessitent un vrai effort, concerté, des États, des entreprises et des ménages.

Première discussion liminaire

Marc BAUDRY

Co-responsable de la Chaire Economie du Climat, Université de Paris-Dauphine

Une « Banque centrale » pour réguler le marché européen du carbone ?

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Une BCC pourrait-elle résoudre le dilemme : une régulation par les quantités ou par la taxe ?

  • Le concept de budget carbone

Le concept de budget carbone repose sur l’idée que le réchauffement climatique fonctionne par paliers critiques au-delà desquels les effets deviennent catastrophiques. Le budget carbone détermine la quantité de CO2 que l’humanité peut encore émettre avant d’atteindre ces seuils critiques. Pour respecter ce budget global, les accords internationaux de Kyoto ont été signés en 1997, et l’UE a mis en place un marché intérieur du carbone basé sur le principe de cap and trade. Ce système permet de réduire les émissions là, où et quand cela coûte le moins cher, en échangeant des quotas dans le temps et l’espace.

  • Les défis et solutions pour les investissements bas-carbone

Cependant, les investissements bas-carbone, souvent irréversibles, sont exposés à la volatilité du marché et risquent de se révéler non rentables, ce qui pousse les investisseurs à demander une «prime d’irréversibilité». Pour renforcer la crédibilité des politiques climatiques et réduire cette volatilité, plusieurs solutions sont proposées, notamment l’adoption de règles automatiques, une approche contractuelle ou la création d’institutions indépendantes comme une Banque centrale du carbone (BCC). Une BCC aurait pour mission de respecter le budget carbone tout en offrant une visibilité quant à la trajectoire de prix du carbone. Pour cela, elle ajusterait quotidiennement les quantités de quotas mis aux enchères, tout en étant indépendante et en devant rendre compte devant le Parlement.

Seconde discussion liminaire

 

Présidence de séance : Jean-Claude TRICHET

Ancien président de la Banque centrale européenne, Président d’honneur du Conseil scientifique de la Fondation Maurice Allais

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Christine LAGARDE

Présidente de la Banque centrale européenne

Le rôle des banques centrales dans un monde en mutation

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Quels sont les nouveaux instruments de politique monétaire pour financer la croissance verte ?

  • Un risque systémique international et planétaire

Le changement climatique, alimenté par les émissions de carbone, représente un nouveau type de risque systémique qui ne peut être ignoré sans une intervention publique conséquente. Ce risque est inévitable, récurrent et de plus en plus fréquent, touchant l’ensemble de la planète. Les effets des émissions de carbone sont souvent irréversibles, comme la déstabilisation de la forêt amazonienne, ce qui pourrait empêcher toute tentative de freiner le réchauffement climatique une fois certains seuils franchis.

  • L’impact économique et institutionnel et la nécessité d’une transition rapide

La récente crise énergétique illustre l’impact profond que la dynamique énergétique peut avoir sur l’inflation, comme observé dans la zone euro en octobre 2022. La transition vers une économie verte nécessite des investissements importants, et tout retard pourrait entraîner des coûts accrus à long terme. Plus cette transition est retardée, plus elle sera coûteuse et désordonnée. Une action rapide est nécessaire pour minimiser ces coûts et gérer les risques liés au changement climatique.

  • Le rôle catalyseur de la BCE

La BCE joue un rôle important dans cette transition écologique dans le cadre de son mandat. En tant qu’autorité de surveillance, elle veille à ce que les banques intègrent la gestion des risques climatiques dans leurs opérations. Elle rachète à des taux préférentiels les créances des banques sur des entreprises «vertes», labellisées comme telles à l’aide de divers dispositifs. Elle s’efforce de réduire l’empreinte environnementale de ses activités, par exemple celle des billets de banque, fabriqués désormais à partir de coton durable. Malgré un budget limité, la BCE continue d’analyser les risques, de conseiller les parties prenantes et d’agir pour avancer vers une économie plus verte, reconnaissant qu’ «il reste encore beaucoup de chemin à parcourir ».

 

Discussion générale, avec l’ensemble des intervenants et participants